Les ventes de copropriétés sont les plus sensibles aux fluctuations économiques

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23 janvier 2012

En juin 2011, les ventes de propriétés ont affiché une première hausse à la suite de  treize  mois  consécutifs  de  baisse.  Par  catégorie  de  propriété,  ce  sont  les copropriétés qui ont été les premières à afficher une augmentation du nombre de ventes. Plus précisément, depuis le mois de mai 2011, les copropriétés n’ont affiché  que  des  hausses  des  ventes,  alors  que  les  unifamiliales  et  les  plex  ont continué  de  présenter  des  résultats  à  la  baisse  ou  de  flirter  avec  le  statu  quo. 
La copropriété s’était également démarquée après la récession, où elle avait affiché les plus fortes croissances entre les mois d’octobre 2009 et de mars 2010.
Les faibles taux hypothécaires et la croissance de l’économie auront donc profité davantage à la copropriété qu’aux autres catégories.  

C’est d’ailleurs ce que nos recherches révèlent : la copropriété est la catégorie la plus sensible aux fluctuations de la conjoncture économique. À la lumière d’une étude  empirique  sur  la  période  de  janvier  2001  à  septembre  2011,  nous  avons observé l’impact qu’ont certains facteurs économiques, à court terme, sur les ventes MLS® à l’échelle de la province.

 

Les ventes au Québec sont surtout influencées par l’économie et les taux hypothécaires

Nous  constatons  que  les  ventes  de  propriétés  résidentielles  au  Québec  sont surtout influencées par les fluctuations de l’activité économique, les variations des taux d’intérêt, les mises en chantier et le marché de l’emploi. Bien que ces variables se soient toutes avérées significatives, il existe plusieurs autres facteurs pouvant expliquer les fluctuations des ventes qui n’ont pu être mesurés ou tenus en  compte  pour  notre  analyse  pour  diverses  raisons.  Néanmoins,  les  variables mentionnées  ci-haut  expliquent  entre  65  et  70 %  des  variations  des  ventes résidentielles au Québec.

(...)

Les constructions neuves
Les  mises  en  chantier  contribuent  aussi  aux  fluctuations  des  ventes,  avec  des répercussions  se  concrétisant  quelque  trois  mois  plus  tard.  Bien  que  certaines transactions de propriétés neuves soient réalisées par l’intermédiaire du réseau MLS®, la majorité d’entre elles sont vendues par les constructeurs. Nos analyses suggèrent qu’à court terme, les mises en chantier représentent une alternative à l’achat d’une propriété existante. Plus précisément, une augmentation de 1 pdp de la  croissance  des  nouvelles  constructions  sur  une  base  annuelle  réduirait  la croissance du nombre de ventes d’environ 0,11 pdp quelque trois mois plus tard.
Les  copropriétés  sont  les  plus  sensibles  aux  variations  des  statistiques  de nouvelles constructions, alors qu’une accélération de la croissance du nombre de mises  en  chantier  conduirait  à  une  baisse  de  0,14  pdp  de  la  croissance  des ventes,  contre  0,11  pdp  pour  les  unifamiliales  et  0,10  pdp  pour  les  plex.  Il  est intéressant  de  souligner  que  si,  à  court  terme,  une  augmentation  du  nombre  de nouvelles  constructions  représente  un  substitut  à  une  propriété  inscrite  sur  le réseau  MLS®, à long terme, l’effet est plutôt positif, car les mises en chantier alimentent le bassin de propriétés disponibles.

 

Les taux hypothécaires
Il n’est pas surprenant d’observer qu’empiriquement, les taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires  ont  un  rôle  important  à  jouer  dans  les  fluctuations  des  ventes.
L’effet d’un changement des taux hypothécaires pour les prêts de cinq ans engendrerait un impact sur les ventes MLS® du mois suivant. Pour l’ensemble des ventes  résidentielles,  une  diminution  de  1  pdp  de  la  croissance  des  taux hypothécaires pour un mois donné entraînerait en moyenne une augmentation de près de 0,66 pdp sur la croissance du nombre de ventes conclues le mois suivant.
Encore une fois, c’est pour la copropriété que l’impact est le plus important, où une diminution de 1  pdp entraînerait en moyenne une hausse de 0,71 pdp sur la variation des ventes. De plus, l’impact des taux d’intérêt est ressenti sur une période plus longue pour la copropriété, c’est-à-dire qu’une variation des taux qui aurait eu lieu jusqu’à trois mois plus tôt serait ressentie sur la croissance des ventes pour cette  catégorie.  Les deux autres catégories de propriétés sont  aussi sensibles à une fluctuation des taux d’intérêt, mais avec un mois de décalage seulement, et l’impact est plus faible, soit de 0,63 pdp tant pour l’unifamiliale que pour les plex.


L’activité économique
Finalement,  le  dernier  facteur  économique  qui,  selon  nos  recherches,  aurait  un impact  sur  les  ventes  MLS®  est relatif à l’activité économique. Lorsque les consommateurs anticipent une hausse de l’activité économique dans les mois à venir, on peut s’attendre à voir la croissance du nombre de ventes conclues augmenter  par  rapport  au  mois  précédent.  Une  hausse  du  produit  intérieur  brut (PIB) est à la fois signe de prospérité économique et  du coup, augmente la confiance qu’ont les consommateurs envers l’économie. On remarque en effet une corrélation entre les variations de l’indice de confiance des consommateurs et les fluctuations  du  PIB : l’indice de confiance semble anticiper les hausses et les diminutions du PIB trois mois à l’avance. Plus précisément, supposons que les consommateurs, par ce qu’ils lisent et entendent dans les médias, s’attendent à ce que la croissance du PIB s’accélère, à court terme, on peut anticiper que la croissance  des  ventes  de  propriétés  résidentielles  soit  également  plus  élevée.
Encore  ici,  c’est pour la copropriété que l’impact est le plus fort, où une augmentation  de  1 pdp  de  la  croissance  du  PIB  alimenterait  de  3,9 pdp  la croissance des ventes pour cette catégorie, suivie de près par les plex où l’impact serait de 3,6 pdp. L’unifamiliale est également soumise aux fluctuations du PIB, où une  progression  de  1  pdp  du  rythme  de  la  croissance  de  l’économie accentueraient de 3,2 pdp la hausse des ventes.


Et pourquoi la copropriété plus que les autres?
La  copropriété  est  la  catégorie  pour  laquelle  les  variations  du  PIB,  des  taux d’intérêt et des nouvelles constructions produisent les impacts les plus forts. Ceci peut  être  expliqué  par  le  fait  que  la  copropriété  est  très  populaire  auprès  des premiers acheteurs, qui peuvent généralement se permettre d’attendre jusqu’à ce que le moment leur semble le plus approprié pour effectuer leur achat. Il est donc possible  que  cette  flexibilité  rende  ces  acheteurs  plus  sensibles  aux  fluctuations de  l’économie  avant  d’entreprendre  l’achat  d’une  propriété.  Une  incertitude économique ou une récession en vue peut créer un sentiment d’insécurité, tant par rapport à leur actif que par rapport à leurs revenus futurs, et qu’ainsi il vaudrait mieux retarder l’achat et poursuivre en location encore quelque temps. Quant aux taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires, leur forte influence peut s’expliquer par les comportements des acheteurs de copropriétés. Toujours sous l’optique que les acheteurs de cette catégorie sont plutôt nombreux à être des premiers acheteurs, ceux-ci  doivent  possiblement emprunter  à  un  ratio  prêt-valeur  plus  élevé  que  les acheteurs  plus  expérimentés.  Ils  sont  donc  plus  sensibles  aux  fluctuations  des taux d’intérêt et peuvent suivre avec un plus grand intérêt les fluctuations des taux. Finalement, l’effet produit par les nouvelles constructions peut être attribué aux  nombreuses  unités  de  copropriétés  qui  poussent  à  travers  la  province.  Les mises en chantier créeraient donc plus de compétition à la copropriété qu’aux autres catégories par leur disponibilité accrue : depuis le début des années 2000, les  copropriétés  ont  compté  pour  le  tiers  des  nouvelles  constructions  destinées aux propriétaires occupants2, alors qu’elles représentent environ le cinquième des
ventes réalisées par l’intermédiaire du réseau MLS®.
L’étude empirique a été réalisée avec la base de données MLS®  des  courtiers immobiliers  de  la  province  de  Québec.  Les  fluctuations  des  ventes  de  chaque mois  entre  janvier  2001  et  août  2011  ont  été  analysées  pour  cette  étude,  et chaque catégorie de propriété a été traitée de manière individuelle. Ces résultats ne sont pas destinés à prédire les fluctuations futures des ventes MLS®, mais bien à expliquer concrètement l’impact de certains facteurs économiques sur l’activité immobilière.  Certains  facteurs  clés,  dont  la  croissance  démographique  et l’inoccupation, ont été omis de l’analyse en raison de contraintes liées à la période et à la fréquence de l’étude.

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